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Juliette Chevet

Précarité menstruelle : les choses bougent !

Dernière mise à jour : 16 mai


précarité menstruelle

Comme on vous en parlait dans cet article, la précarité menstruelle touche 1,7 millions de femmes en France selon l’association Règles Élémentaires. Papier toilette, chiffons ou tissus au fond de la culotte, ou encore une seule serviette pour plusieurs jours, voilà quelques-unes des stratégies utilisées par les femmes qui se trouvent face à une telle précarité. Ces dernières années, de nouvelles initiatives ont été mises en place, que ce soit au niveau local ou national, afin d’aider ces femmes en difficulté.


Des propositions locales

Au niveau local, plusieurs universités ont mis en place des distributeurs ou des kits gratuits à destination des étudiantes, un public particulièrement touché par la précarité menstruelle. À Lille, première université à avoir mis cette initiative en place, 30 000 kits ont été distribués en janvier 2019 aux étudiantes sur différents campus, sur simple présentation de la carte étudiante.


D’autres universités ont ensuite suivi le même mouvement, notamment à Rennes. A Rennes 2, 9000 kits de protections hygiéniques jetables, et 1300 réutilisables ont été distribués à la rentrée 2019, sans condition de ressources. 26 distributeurs de protections gratuites ont également été ensuite progressivement installés dans les toilettes. Dans la même dynamique, Rennes 1 a mis à disposition 500 packs de coupes menstruelles et 400 serviettes réutilisables depuis janvier 2020. Cette initiative est financée par la CVEC (contribution de vie étudiante et de campus), une cotisation que tous les étudiants non-boursiers paient lors de leur inscription. A Rennes, 2 étudiants sur 10 connaissent des difficultés à s’alimenter et 3 sur 20 ont déjà renoncé à des soins médicaux, alors on peut imaginer que ces initiatives seront utiles pour beaucoup !


À l’Université Catholique de l’Ouest à Angers, des étudiantes ont, dans le cadre d’un enseignement, mené un projet concernant la précarité menstruelle. D’une part, elles ont placé dans la cafétéria une boîte à dons où chacun.e pouvait déposer tampons et serviettes, qui étaient ensuite redistribués dans les toilettes de l’université. D’autre part, lors du marché de Noël, il était possible de payer les sucreries achetées avec des protections hygiéniques ! D’après une étudiante qui a répondu à mes questions à propos de ce projet, les protections recueillies ont surtout servi quand les étudiant.e.s avaient oublié de se munir de protections ou quand leurs règles arrivaient de manière inattendue. Si un enseignant s’est dit choqué de l’initiative et la trouvant plutôt sale, les étudiant.e.s étaient ravi.e.s du projet. Beaucoup de dons ont été faits.


Du côté des États

A plus grande échelle, d’autres initiatives ont été mises en place : les États s’attaquent enfin à la précarité menstruelle !

En Ecosse, et c’est une première mondiale, le parlement a adopté en première lecture une proposition pour que tampons et serviettes hygiéniques soient distribués gratuitement à « n’importe qui en a besoin ». Le coût de la mesure s’élève à 24 millions de livres, soit 28 millions d’euros. La proposition de loi avait été soutenue par l’ensemble des partis et le gouvernement ! Par ailleurs, l’Ecosse agissait déjà depuis 2018 contre la précarité menstruelle en finançant des protections hygiéniques gratuites dans les écoles, collèges et université à hauteur de 5,2 millions de livres.


Dernière initiative en date, en Nouvelle-Zélande, 15 écoles d’une région particulièrement pauvre (le Waikato) pourront avoir accès à des protections hygiéniques gratuites au cours du troisième semestre de l’année, soit de fin juillet à fin septembre. Si la mesure fait ses preuves, elle sera étendue nationalement à partir de 2021. Cette mesure est mise en place pour lutter contre l’absentéisme lié aux menstruations : près de 95000 jeunes filles entre 9 et 18 ans seraient obligées de rater l’école car elles ne peuvent pas se payer de protections hygiéniques.


Finissons par une initiative française : le 28 mai 2020, quatre membres du gouvernement, dont Marlène Schiappa, ont annoncé qu’une enveloppe d’un million d’euros sera débloquée dès septembre 2020 pour lutter contre la précarité menstruelle. Cette enveloppe permettra de mettre à disposition des protections hygiéniques gratuites dans plusieurs lieux publics, à destination des femmes détenues, des femmes sans abri, des étudiantes, des lycéennes et des femmes précaires. Ces protections seront distribuées lors de maraudes ou mises à disposition dans les épiceries sociales, les accueils de jour, les foyers et centres d’hébergement, les prisons et les établissements scolaires du second degré et des universités.


Tous ces exemples, nationaux ou locaux, nous montrent que les voix qui s’élèvent depuis plusieurs années commencent enfin à être entendues. Cela remonte le moral de voir que des décisions gouvernementales sont prises : les choses changent ! La précarité menstruelle est un sujet central et a totalement sa place dans les hémicycles : y faire face provoque des implications à l’échelle d’une vie sur « la santé, le développement émotionnel, l’éducation et les perspectives de carrière » d’après l’université d’Otaga.


Juliette CHEVET


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