Bien choisir sa protection menstruelle : quelle est celle qui est faite pour moi ?
La période des règles étant une période délicate, il est important de bien choisir une protection hygiénique adaptée et efficace pour la vivre au mieux !
On peut séparer les protections hygiéniques en deux catégories : les protections internes (tampons, coupes menstruelles et éponges) et les protections externes (serviettes hygiéniques, culotte menstruelle).
Les protections externes
Les protections externes, par définition non invasives, peuvent être plus faciles à adopter lors des premières règles : elles nécessitent juste d’être enfilées ou installées dans la culotte. Les plus connues, les serviettes hygiéniques jetables, présentent les avantages d’être discrètes et très faciles d’utilisation. Juste collées sur le sous-vêtement puis jetées après les avoir portées, elles permettent de passer toutes ses règles sans toucher le sang, avec lequel certaines personnes peuvent ne pas être à l’aise (même si, il est important de le rappeler, ce sang est complètement normal et sain).
Une femme utilise en moyenne 11 000 serviettes ou tampons dans sa vie, alors le coût économique et écologique peut vite monter.
Du point de vue économique, les protections hygiéniques, bien qu’indispensables, sont toujours payantes et parfois très chères.
Les débats sur la « taxe tampon » ayant eu lieu en 2015 avaient mené à la réduction de la TVA sur les produits de protection féminine, mais de nombreuses femmes se trouve toujours en situation de précarité menstruelle et ne peuvent se payer leurs protections.
Du point de vue écologique, les serviettes hygiéniques mettent plusieurs centaines d’années à se recycler (on parle de 500 ans) et la production du coton est une industrie très coûteuse en eau et qui utilise énormément de produits chimiques. Les serviettes hygiéniques jetables, bien que très pratiques, ont donc un impact économique et écologique certain.
Face à ces problématiques, une nouvelle alternative est proposée : les serviettes hygiéniques lavables et réutilisables.
Composées d’une couche de tissu imperméable et d’une couche de tissu absorbant surmontées d’un tissu coloré qui sera au contact de la vulve, elles s’utilisent comme une serviette jetable. Une fois utilisées, il faut les rincer et les laver à la main pour les remettre le jour suivant, puis les laver à 60°C à la fin du cycle. Ces serviettes présentent donc l’immense avantage d’être réutilisables pendant plusieurs années, permettant de grosses économies (la BBC a créé un calculateur pour évaluer le coût des protections sur toute une vie) et de réduire ses déchets. Seul inconvénient : il faut être prêt.e à laver le sang de ses serviettes à la main tous les soirs. Mais pas d’inquiétude, une fois l’habitude acquise, ça ne prend que quelques minutes.
On rencontre de plus en plus une autre protection externe ces derniers mois : la culotte menstruelle est à la mode. D’après les témoignages des utilisatrices, celle-ci est très confortable et nous ferait même oublier qu’on a nos règles. La culotte menstruelle doit être lavée dès qu’elle est pleine, ce qui nécessite de rentrer chez soi ou d’avoir accès à une salle de bains. Il faut donc s’organiser en conséquence !
Les protections internes
Le grand avantage des protections internes est qu’elles permettent de retenir le sang à l’intérieur du vagin jusqu’à ce qu’il puisse être évacué. L’utilisatrice peut donc continuer toutes ses activités, dont se baigner par exemple, sans écoulement du sang à l’extérieur ni sensation d’humidité dans le sous-vêtement.
La plus connue des protections internes est le tampon, largement utilisé. Comme le reste protections internes, il offre l’avantage de la sensation de liberté de ne pas se préoccuper de l’écoulement du sang. Du côté des inconvénients, comme pour la serviette hygiénique jetable, la production des tampons est polluante. Par ailleurs, les producteurs n’ont pas l’obligation d’afficher sur la boîte la liste des composants. Mauvaise surprise, tests et études ont dévoilé la présence de toxiques, pesticides, hydrocarbures et perturbateurs endocriniens dans les serviettes et les tampons, même dans ceux issus de l’agriculture biologique. Toutefois, le rapport de l’Anses (Agence Nationale de sécurité sanitaire) à ce sujet statue que les concentrations sont si faibles que cela ne présente pas de danger, mais cela peut le devenir en cas de mauvaise utilisation des produits (s’ils sont portés trop longtemps ou avec un niveau d’absorption inadapté). Mais nous sommes toutes et tous exposé.e.s à certaines de ces substances dans notre vie quotidienne, donc nous ne pouvons pas complètement appréhender et calculer l’effet des expositions cumulées à ces produits.
Autre protection interne : la cup, ou coupe menstruelle. Créée dans les années 1930, elle connaît enfin ces cinq dernières années un regain d’intérêt de la part des consommatrices. Si elle est bien installée, on ne la sent pas du tout et elle est très confortable. Coûtant entre 20 et 30 euros, elle est beaucoup plus économique que les protections jetables car elle peut être réutilisée entre 5 et 10 ans selon les notices. L’Anses fixe la limite du port en continu sans risque entre 4h et 6h, alors que près de 30% des femmes la gardent toute la journée. Toutefois, l’insertion et le retrait de la cup demande un petit peu d’entraînement, d’agilité et d’habileté. Cela demande aussi d’être chez soi, ou au moins d’avoir un lavabo dans les toilettes, lors du vidage de la cup car celle-ci doit être rincée et lavée à l’eau savonneuse à chaque fois qu’elle est vidée et réinstallée.
La dernière protection interne que nous aborderons ici est l’éponge naturelle, ou éponge de mer. Une fois humidifiée, elle s’insère au fond du vagin durant les menstruations où elle absorbera le sang avant que celui-ci ne s’écoule à l’extérieur. Certaines femmes préfèrent se tourner vers l’éponge pour son aspect complètement naturel. Comme la cup, elle demande de l’entraînement pour l’insertion et le retrait et un peu de sang peut couler lors du retrait : il est donc préférable d’avoir accès à un lavabo.
Le risque principal lié à toutes les protections internes est le syndrome du choc toxique. Celui-ci est dû à la présence, chez certaines femmes, d’une bactérie dans le vagin – le staphylocoque doré – qui produit une toxine : la TSST-1. Ce syndrome est très rare et touche une centaine de personnes par an en France, mais les symptômes peuvent être très graves : nausées, vomissements, fièvre, chute de tension, nécrose pouvant provoquer une amputation et cela peut aller jusqu’à l’arrêt des organes vitaux et le décès si le syndrome n’est pas pris en charge médicalement. Ce syndrome peut advenir si une protection hygiénique interne est portée trop longtemps, c’est pourquoi en changer régulièrement est impératif ! Le syndrome du choc toxique est le seul risque pathologique démontré lié aux protections hygiéniques. Cette vidéo du Monde décrit très bien les risques associés au port des protections internes.
Le flux instinctif libre
Pour gérer l’écoulement de sang propre aux menstruations, certaines femmes ont choisi la méthode du flux instinctif libre. Elle ne requiert pas de protection : il s’agit de contracter le périnée pour retenir le sang à l’intérieur du vagin quand on le sent s’écouler, puis de tout lâcher aux toilettes le moment venu. Celles qui ont adopté cette méthode disent que c’est comme apprendre à uriner aux toilettes quand on est enfant : c’est un réflexe qui s’acquiert et s’éduque. Elles disent avoir eu le sentiment de reprendre le pouvoir sur leurs règles et d’être plus à l’écoute de leur corps. Cela présente aussi l’immense avantage de s’effectuer sans aucun outil ni protection (ou juste un protège-slip pour assurer en cas d’accident) donc ni dépense, ni déchet, ni produit chimique ! Du côté des points négatifs, cette méthode est parfois décriée : elle est complètement inadaptée pour les flux très abondants, et ne peut donc être utilisée que par certaines femmes, et certains spécialistes attirent l’attention sur le risque sanitaire à garder du sang dans le vagin. Il s’agit aussi d’une charge mentale en plus, quand, on le sait, elle est déjà très lourde pour la plupart des femmes.
Conclusion
Pour conclure, on voit donc qu’il n’y a pas de méthode parfaite avec uniquement des avantages : il faut avant tout trouver celle qui nous convient. En tester plusieurs sera parfois nécessaire, prendre le temps de s’habituer ou de s’entraîner également. Dans tous les cas, respectez scrupuleusement les temps de port recommandés (entre 4 et 6 heures) et préférez une protection externe pour la nuit, plus hygiénique. Choisissez également une protection adaptée à l’abondance de votre flux. On l’a vu, les risques liés à une mauvaise utilisation sont grands !
Sources :
L’express (2019). Quelle protection périodique adopter en 2019 ?
Parlons peu, mais parlons (2017). Les protections périodiques, feat Sophie Riche.
Le Monde (2015). Comprendre la bataille de la « taxe tampon »
Le Figaro (2015). La « taxe tampon » à 5,5% devient finalement réalité
Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (2020). Produits d’hygiène féminine, focus sur... les coupes menstruelles.
Le Monde, Les décodeurs (2019). Choc toxique, endométriose, pesticides : les protections hygiéniques sont-elles dangereuses ?
Le Monde (2017). Les tampons hygiéniques sont-ils dangereux pour la santé ?
L’Obs avec Rue 89 (2017). Le « flux instinctif libre », les règles sans serviettes ni tampons
Juliette CHEVET
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